Publié le 25 décembre 2022

Le Biomimétisme pour une énergie durable

    Le biomimétisme est aujourd'hui un levier d’inspiration primordial pour favoriser l'évolution des technologies, des organisations, de l'économie et de la société dans son ensemble vers plus de sobriété énergétique, efficace et durable. De nombreux projets et innovations de procédés biomimétiques sont développés et même subventionnés par l'Etat, afin de réduire plus efficacement et durablement notre impact environnemental.

    Biomimétisme, le vivant comme modèle pour le futur de l'innovation
    Biomimétisme, le vivant comme modèle pour le futur de l'innovation

    Projet S3: une innovation bio-inspirée

    Porté par la société SBM Offhore avec Centrale Nantes et IFP Énergies nouvelles, l'objectif est de déployer un prototype houlomoteur chargé de convertir l’énergie des vagues en électricité via un polymère électroactif. Ce matériau est une innovation bio-inspirée: il 'agit d'une pièce élastique déformable permettant de transformer les ondulations et pressions subies par le polymère en énergie. Le principe est simple: le tube est constitué d'eau de mer. Légèrement pressurisé, la houle présente permettra de déformer le tube et des ondes progressives seront ainsi générées à la surface et dans le fluide à l’intérieur. Ces ondes provoqueront des pressions différentes entre l’écoulement extérieur et intérieur. Le résultat de cette différence de pression représente ainsi l’énergie des vagues, absorbée par le système. Le premier démonstrateur ayant bénéficié de subventions pour son développement sera positionné au large de Monaco et facilitera l'étude des intéractions avec l’environnement marin. L'objectif global est de confirmer l’impact environnemental réduit de ce type de procédé.

    Les hydroliennes ondulées

    Le géant EEL Energy vient d'obtenir un financement de 3.7 millions d'euros de bpifrance pour son hydrolienne à membrane ondulante. Il s'agit d'installer une hydrolienne marine de faible puissance pour alimenter notamment les exploitations aquacoles en électricité. Fort d'un système d’ancrage innovant, l'objectif est de reproduire le mouvement ondulatoire des poissons afin de transformer une force mécanique en électricité. Avec une énergie des courants prédictible, localisée et régulière, ce système permettrait de remplacer les groupes électrogènes trop polluants et nocifs pour la faune marine. Les premiers essais en mer sont prévus en 2023 afin de finaliser sa conception. Ses bienfaits sont nombreux: absence de déchets et zéro émission de CO2, pas d’impact paysager. Ce projet est également cofinancé par l'ADEME et le Conseil Régional des Hauts-de-France dans le cadre du fonds Fratri (Fonds régional pour la troisième révolution industrielle).

    L’agrivoltaïsme en route pour 2023

    Dans un autre secteur d'activité, le groupe Sun Agri apporte quant à lui une innovation de rupture avec l’agrivoltaïsme, inspiré de l’agroforesterie. Ce projet biomimétique rend possible l'association des productions agricoles et énergétiques sur une même parcelle, sans conflit d’utilisation. Les installations photovoltaïques sont ainsi accessibles en temps réel, en pivotant selon les besoins en ombre et lumière de la plante. il s'agit ici de prouver les bénéfices de l'agrivoltaïsme dynamique en situation réelle, autant sur les cultures viticoles qu'arboricoles et sous serres. Les résultats sont d'ores et déjà positifs, avec une réduction de 20% de la consommation en eau des plantes. Ce projet améliore également les installations complémentaires tels que les panneaux bifaciaux, les systèmes de protection antigrêle et les serres fermées. La proposition de loi en faveur de l'agrivoltaïsme a par ailleurs été validé par la majorité permettant ainsi aux professionnels du secteur de bénéficier des aides et subventions en matière agricole.

    Une nouvelle écoconception française

    Greenportech a développé une plateforme flottante écoconçue à coût réduit, inspirée par le biomimétisme. Cette innovation permet d’imaginer une alternative plus durable face à l’urbanisation croissante des villes. La construction est organisée autour de structures flottantes écoconçues et démontables. Cette nouvelle plateforme est une version améliorée du projet existant Triportech. Elle se veut plus modulaire pour s’adapter à tous les secteurs (bureaux, commerces, hôtels, etc.), étant écoconçue et autonome en eau et en énergie pour diminuer au mieux l'impact environnemental. Le groupe Ceebios a participé au projet en apportant une solution supplémentaire d’écoconception en matière de flottabilité et de portabilité, inspirée du nénuphar géant d’Amazonie. Ses recherches ont pu être financé par l’ADEME, dans le cadre du Plan de Relance.

    Développer les recherches biocontrôlées

    La bio-inspiration propose de définir les principes du vivant comme modèle d'inspiration. Il s'agit ici de la capacité à mimer le vivant à travers des solutions techniques écoconçues tels que le biosourcing, le biocontrôle ou toute autre solution fondée sur la nature. Des subventions sont disponibles pour financer ces types de recherches avec notamment le "Diag Biocontôle" destiné aux PME et ETI pour le développement des produits de biocontrôle. Le principe est simple: utiliser les organismes vivants ou naturels pour mieux anticiper les possibles nuisances causées par des organismes étrangers. Il peut s'agir de l’introduction d'un ennemi naturel pour mieux l’éliminer. Prenons l'exemple de Fourmanioc proposant des granulés 100% naturels biocontrôlés contre la "manioc", une fourmi nuisible présente en métropole. Une fois transportés par les fourmis à l’intérieur du nid, les granulés se diffusent et deviennent toxiques pour les larves et la reine. Alors que les pesticides classiques n'ont effet que sur la fourmi, ces granulés agissent directement sur le champignon qui nourrit la colonie. Ces nuisibles, aussi appelées « fourmis manioc », contribuent fortement aux pertes agricoles, évaluées entre 12 à 15% du produit brut agricole. Le projet Fourmanioc propose ainsi une solution durable d’autant qu'il n’existe actuellement plus de traitement autorisé contre ce type de ravageur, les produits ayant été interdits en raison de leur nocivité.